L’industrie culturelle et les infrastructures de communication

9 décembre, 2014 | Commentaires fermés sur L’industrie culturelle et les infrastructures de communication

Aujourd’hui le développement du réseau Internet est régulièrement présenté comme un nouveau secteur de l’économie. Or, nous avons vu que ce type d’infrastructure de communication globale s’était déjà déployé avec le télégraphe, le téléphone et le cinéma au XIXème. Ainsi, de même qu’au siècle dernier, l’enjeu du réseau Internet et du cyber espace aujourd’hui n’est pas simplement la connexion globale des populations de la planète, ni la libre expression et la création de chacun, mais c’est la mutation de l’industrie culturelle de masse modifiée par la conjonction d’une nouvelle infrastructure, le cyber espace, et de nouvelles puissances émergentes, la Chine, qui devraient modifier durablement la distribution du pouvoir sur ce marché de la culture sans changer réellement sa nature oligopolistique.

 

Afin d’en cerner les enjeux je vous propose le résumé du chap. 2 sur la fabrique culturelle de l’ouvrage d’Armand MATTELART, (2002.), La communication internationale, QSJ.

AgencesPresses

Le XIXème siècle inventa la diffusion globale de l’information à travers les agences de presse. Elles se créent majoritairement entre 1830 et 1850 : HAVAS 1835, WOLFF 1849, RETEUR 1851, AP 1848 et UP 1907. Les agences de presse collectent et diffusent les informations à partir de leur réseau global grâce au télégraphe. Elles s’organisent en cartel en 1870 pour se partager le monde jusqu’à la fin de la première Guerre Mondiale.

Les groupes de presse se constituent à partir de 1875. Les groupes de presse cherchent  conquérir une audience de masse en diffusant l’information et en la rendant attirante, apétissante, par sa mise en scène

Ces informations ont permis aux entreprises d’appréhender les marchés à l’international. Autant pour l’analyse marketing que pour l’intelligence économique. Ainsi les grands cabinets de renseignement se créent vers 1830 à Londres, 1840 à New York et 1860 en Allemagne. Cette cultrure stratégique du renseignement est un amplificateur de l’innovation technologique, de sa diffusion sous la forme de rupture et de son extension aux marchés mondiaux, ce que les historient nomment « la seconde révolution industrielle »

Ces informations qui circulent autour de la planète et alimentent les groupes de presse sont aussi à l’origine de la production culturelle de masse. En effet, la mise en scène de l’information économique et diplomatique est en soi un moyen d’enrichir l’offre des journaux et des magazines. Ainsi, le secteur voie l’émergence du roman feuilleton et des comics. Afin de réduire les coûts, il est nécessaire de standardiser les cultures. Par conséquent, la production culturelle de masse accompagne ce mouvement des infrastructures globales de communication pour devenir le secteur aval de la chaine de valeur de l’information. Celui qui justifie les investissements dans le secteur amont pour les infrastructures.

Hollywod

L’écrit n’est pas le seul média a être industrialisé, le son et l’image aussi. En 1877 Edison crée le phonographe et en 1895 les frères Lumière le cinématographe. Ces appraeils à la fiabilité aléatoire s’accompagnent des industries de la musique et du film. Dès 1904 avec le premier disque à dépasser le million d’exemplaire en 1904 par le chanteur Enrico Caruso, le marché du disque est une réalité globale. La société britannique « The Gramophone », fondée en 1898 domine le marché européen avec une fabrique à Calcutta et des studios à Bombay pour exporter y compris vers l’Afrique.

De même la diffusion du cinématographe est aussi rapide et globale. La firme française Pathé est fondée en 1904, elle contrôle toute la chaine de valeur, appareils, pellicule, production films et salles de diffusion. Elle possède une position de quasi monopole en 1914. Ces industries sont un formidable moyen de conditionner les imagniaires et les relations sociales.

 

Plus précisément, ces offres nouvelles de produits culturels rencontre des consommateurs particuliers plutôt que des citoyens. Ceux-ci sont catégorisés en publics selon leurs modalidatés de consommation de l’information et de la culture. Ils sont transfrontalier par nature et cela induit le problème de l’influnce extérieure obtenue par les dirigeants dont l’industrie culturelle domine le marché.

Par exemple, la presse catholique se développa massivement, en apparente contradiction avec la doctrine du Vatican, mais avec une force qui illustre l’importance des idées pour ces publics.

Cette mise en connexion des populations et des nations met en compétition les cultures, leurs langues, leurs croyances et donc les identités nationales… L’industrialisation de la culture se traduit par la déconstruction et l’hybridatation de celles-ci.

Ainsi, la mise en réseau informationnel des individus crée une illusion de société globale à l’image de la Société des Nations en 1919 pour gérer la sécurité collective. Elle est effective tant que la sécurité des nations n’est pas réellement concernée.

 

A l’aube du second milénaire, c’est une culture globale, anglo saxonne, qui est devennu le premier exemple de domination. La conséquence est l’ajout d’une dimension à chaque identité nationale, l’emploi de la langue anglaise et les références aux films hollywoodiens dès que l’on est à l’étranger. Ainsi, l’enjeu du cyber espace est : Qu’elles seront les prochaines formes de domination culturelle chinois ? le mandarin et Confucius reconditionnés par les films à effets spéciaux !