Résumé : “Une histoire de l’humanitaire”, P. Ryfman

18 août, 2015 | Commentaires fermés sur Résumé : “Une histoire de l’humanitaire”, P. Ryfman

L’un des fait marquant de la scène internationale contemporaine est l’émergence de nouveaux acteurs : les associations transnationales à vocation humanitaire. L’ouvrage de Philippe Ryfman, Une histoire de l’humanitaire, ed La découverte, Paris, 2008 décrit les mécanismes qui ont prévalus. Notamment, le chapitre 4 décrit la mise en place de la scène humanitaire après 1968 avec l’émergence d’un nouvel acteur, l’ONG médiatique.

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Au cours de la première moitié du XXème siècle, la Croix Rouge, fondée par Henri Dunant en 1864 ; mais aussi et les associations confessionnelles ont dominé la scène de l’humanitaire. Aujourd’hui elles sont encore des acteurs incontournables de la gestion des crises humanitaires à côté de nouveaux acteurs. Ainsi, en 2007 le réseau Caritas de l’Eglise catholique comptait 162 associations.

A l’opposé de ces acteurs, la tentative de création d’associations communistes guidées par l’idéologie sans innovation des pratiques humanitaires fut un échec qui illustra l’existence de deux domaines distincts mais interdépendant, l’humanitaire et le politique. C’est donc ce complexe humanitaire et politique qui fut le lieu d’une innovation majeure dans les années 1980.

La guerre du Biafra fut le signe annonciateur de cette rupture avec le type d’associations existantes. En effet, la scène diplomatique figée par l’équilibre de la terreur (MAD) pendant la Guerre Froide n’a pas été appréhendé par la Croix Rouge. Son incapacité à s’adapter à ouvert un champs d’actions à des nouveaux acteurs non étatiques pour secourir les populations victimes des conflits par proxy ou des catastrophes naturelles en dehors des enjeux stratégiques.

La condition du succès pour ces ONG fut de sortir de l’interprétation absolutiste de la souveraineté et de ne pas être tributaire de l’aval préalable des Etats comme c’était le cas pour la Croix Rouge.

Ainsi, en 1968 lors de la Guerre du Biafra (1967-1970), Bernard Kouchner, malgré son appartenance à la Croix Rouge, imagina de nouvelles pratiques humanitaires reposant sur le principe de la solidarité humaine sans limite de frontières ou de Raison d’Etat. Il s’agissait de porter assistance en urgence auprès des populations victimes de conflits ou de catastrophes naturelles quelques soit les enjeux stratégiques des Raisons d’Etats.

Ce nouveau type d’ONG occupe désormais un secteur parallèle aux associations classique d’aide au développement. La caractéristique qui les différencies est la rapidité d’intervention limitée dans le temps et le couplage avec la sphère public.

L’intervention de ces nouveaux acteurs est mise en scène afin de crédibiliser l’activité opérationnelle et de soulever l’émotion de l’opinion public pour obtenir des financements. Par exemple, l’efficacité de cette approche a permis de multiplier par 13 le budget de MSF entre 1978 et 1980 avec le soutien d’acteurs étatiques.

Kouchner

L’efficacité de ces acteurs est favorisée par le développement des techniques médicales d’urgence, par l’accroissement du personnel médical, par la réduction des coûts du transport et par la diffusion des media, journaux, TV, radio dans le « village global ».

En résumé nous avons le jeu d’acteurs suivant

ONG -> Media -> Opinion public -> Etat -> ONG

En retour, cette nouvelle vague d’ONG conduisit la Croix Rouge à se réformer. Elle développa son expertise dans les domaines médical et de la malnutrition à partir de 1975 grâce à un président charismatique et présent dans les media C. Sommaruga (1987 – 1999).

De même pour les agences des Nation Unies. Leurs moyens s’accroissent et leur présence médiatique s’affirme sur la scène humanitaire, entre les Etats et les victimes, combattantes ou non, des crises.

A cette époque, beaucoup de crises se déroulent dans les régions et les pays nouveaux issuent de la décolonisation. Ces conflits s’accompagnent de nouvelles formes de violences qui effacent la distinction entre combattants et populations civiles.

Ces conflits conduisent à des déplacements massifs, de 2005 à 2007 les déplacés passent de 8.4 millions à 11.4. Si l’on ajoute les réfugiés nous atteignons 37 millions de personnes. C’est un défi stratégique pour les agences de l’ONU comme le HCR dont les buts sont l’identification et la protection des droits humains de ces personnes.

C’est une amplification du champs d’action existant des ONG et des agences de l’ONU qui nécessite leur développement et leurs montées en puissance. Réciproquement, elles deviennent des acteurs majeurs de la gestion des crises et de l’élaboration des solutions.