Résumé : le Congrès de Berlin, 1885, la ruée sur l’Afrique

13 décembre, 2016 | Commentaires fermés sur Résumé : le Congrès de Berlin, 1885, la ruée sur l’Afrique

Film de Joel CALMETTE sur la conférence de Berlin où les occidentaus préparèrent le partage de l’Afrique, ARTE, 2010

Les impérialismes du XIXème siècle ont marqué l’extension des normes réalistes des Etats-nations européens à l’ensemble du continent africain. En 1910, comme le montre la carte ci-dessous.

afrique1910

L’institution de ces normes et leurs effets dans la durée même après la vague de décolonisation de l’Afrique et jusqu’à la fin de l’Apartheid en Afrique du sud en 1990 illustre d’une part le risque de chaque entité politique dans une société anarchique : la perte de sa souveraineté et d’autre part la polarité de la société internationale qui conditionne l’autonomie de l’acteur étatique. Ce documentaire-fiction permet de comprendre les caractéristiques d’une société internationale anarchique.

Avant la colonisation, les Etats africains étaient des entités sociales formées autour d’un noyau ethnique plus puissant en rivalité avec d’autres groupes. L’extension entre chacune de ces entités était variable en fonction des rapports de force du moment.

Les impérialismes sont le résultat des politiques étrangères des pays européens à partir des droits qu’ils avaient déjà conquis sur les régions côtières de l’Afrique dont la position centrale sur les océans, atlantique et indien, avait conduit à leur rapide découverte lors des siècles précédents. Ces politiques ont tout d’abord développé des zones d’influences, notamment au Congo où les intérêts de la Belgique et du Portugal sont entrées en contradiction. La création d’une association internationale du Congo par le roi des Belges Léopold II dans le bassin du fleuve Congo heurte les intérêts commerciaux du Portugal déjà présent sur la côte de cette région. En 1885, la puissance dominante en europe continentale, l’Allemagne, décide d’organiser un Congrès afin que ces rivalités économiques en Afrique ne modifient pas l’équilibre des forces autour d’elle. Le Congrès de Berlin a pour objectif d’organiser la prise de possession des territoires africains pour les intégrer dans les échanges économiques si incontournables pour les économies européennes. Il s’agit de « régler les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions d’Afrique. »

Son résultat est un code de conduites internationales organisant le partage du continent noir :

  • La liberté de navigation sur les fleuves Niger et Congo
  • L’égalité commerciale entre tous les acteurs non étatiques
  • Un Etat européen qui occupait déjà la côte a le droit d’occuper l’arrière-pays dès qu’il exerce une présence effective, au moins un poste militaire
  • L’occupation doit être notifiée aux autres puissances

La conséquence fut le « Scramble for Africa » sur 2 décennies, pratiquement terminé en 1902 et représenté par l’imposition de frontières sur le continent africain. Chaque Etat a reculé ses possessions vers l’intérieur du territoire jusqu’à ce qu’il rencontre d’autres puissances. Une négociation entre puissances européennes  permettait de fixer les limites des territoires. Le découpage est le résultat des rapports de force entre les puissances européennes, il s’agit de maintenir en permanence un précaire équilibre des forces. Cette équilibre est souvent réalisé à travers l’échange de territoires en fonction des intérêts de chacun, un morceau du Congo à l’Allemagne contre la reconnaissance du protectorat français sur le Maroc, Sumatra sous la tutelle hollandaise contre la Gold Coast à la Grande Bretagne. Ainsi, pour relier le Caire au Cap, les britanniques ont ruiné la tentative portugaise de réunion de l’Angola et du Mozambique. Ces frontières ont réunis dans un même cadre politique des peuples différents avec une longue histoire pré coloniale.

Lors des indépendances, les frontières qui n’avaient pas respectées les réalités indigènes et les cadres traditionnels ont conduit à des régimes autoritaires où souvent une ethnie domine dont l’intérêt était d’assurer la pérennité des frontières afin d’éviter la balkanisation de l’Afrique et la conflictualité afférente.

La charte de l’Organisation de l’Unité Africaine en mai 1963 affirme l’égalité souveraine de tous les Etats concernés, le principe de non-ingérence et l’intangibilité des frontières afin de prévenir toute intervention étrangère dans les « affaires africaines ». Il n’y a eu que deux changements de frontières avec l’indépendance de Érythrée en 1993 et du Soudan Sud en 2005.

panafricanisme

Dans une société internationale, une grande puissance est celle qui est capable de définir des frontières sur un territoire. Les deux frontières nouvelles en Afrique n’ont pas été dessiner par un pays africain, continent toujours ouvert aux influences des grandes puissances depuis 1885.