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Note de synthèse : les ressources naturelles et l’Afrique
8 février, 2020 | Commentaires fermés sur Note de synthèse : les ressources naturelles et l’Afrique
L’Afrique est un territoire associé régulièrement à des projets de développement durable. Par exemple, le projet éolien du Lac Turkana au Kenya, le solaire à Tunur en Tunisie, Desertec au Maroc, l’hydraulique au Grand Inga en RDC ou la Grande Muraille Verte de 7 000 km qui traverse le continent d’est en ouest afin de limiter l’avance de la désertification. Mais la nature de ces projets, les technologies propres, ne les dispensent pas d’être associés à l’ensemble des risques classiques de tout projet de développement d’infrastructure : instabilitédu régime politique, violencesur les territoires, rivalitésrégionales et géopolitiques, etc. Les projets structurant de développement durable sont ceux qui portent un levier stratégique pour les pays africains. Or les territoires africains ont une spécificité : ils sont un coffre-fort de ressources naturelles.
La problématiqueet l’enjeu des ressources naturelles en Afrique
En contrepoint de ce constat, nous allons définir le développement durable en Afrique comme des projets impliquant les ressources naturelles et les écosystèmes, structurés par des rapports de forces régionaux/internationaux et induisant le développement du niveau de vie des sociétés africaines. La problématique est le développement de la richesse des territoires africains, les ressources naturelles, d’une façon soutenable sur un continent ouvert aux acteurs internationaux.
L’origine de la richesse en Afrique ce sont les territoires et leurs ressources naturelles, la révolution industrielle confère une valeur économique aux plus de 70 types de ressources naturelles présentent sur ce continent. Cependant, le développement technologique n’est pas linéaire, donc la demande en ressources naturelles peut être exponentielle tant à la hausse qu’à la baisse. Or, le développement des infrastructures nécessaires à l’exploration, l’extraction, le raffinage et la production peut demander des investissements très important et un temps long, proche de la décennie. Ainsi, ce décalage temporel est source de tensions et de phénomènes de sécurisationde ressources naturelles.
Le prix des matières premières est présenté sous la forme de cycles successifs de croissance/décroissance de durée variable. Depuis le XIXème siècle, le cycle le plus court est de 12 ans (1968-1980) et la moyenne est 21 ans. Les matières premières représentent 30% du commerce mondial. Depuis la colonisation, les économies africaines sont spécialisées dans les ressources naturelles où elles ont des avantages comparatifs. Cette tendance à la spécialisation s’est accrue à tel point que les économies africaines sont même spécialisées sur une ressource naturelle dominante. Ainsi, ces dernières années, les BRICS ont accru la demande en ressources naturelles, les prix ont augmenté de 35% en 2011. Mais depuis 2011 l’index des commodités a chuté de 10%. Ainsi, les économies africaines sont piégées par cette volatilité : la malédiction de la rentecar elles ne peuvent réduire les dépenses de développement lorsque les recettes diminuent. Chaque pays est spécialisé sur quelques ressources à cause de la distribution des réserves. L’Etat est dépendant de recettes variables dont les afflux massifs favorisent la corruption. La déstabilisation budgétaire des Etats induit un mécontentement social et un endettement qui devient une menace sur la survie du régime politique. Celui-ci est vulnérable face à son créditeur. Comme le souligne le FMI, l’Afrique est devenue vulnérable à sa spécialisation sur ses ressources et leur exportation. La Chine représente 50% des exportations de matières premières africaines dont 64% sont du pétrole et représente 27% des approvisionnements chinois.
De plus, le poids des investissements nécessaires pour l’extraction et le raffinage des ressources naturelles conduit à un petit nombre de producteurs capables de supporter ces coûts. La spécificité des marchés de ressources naturelles c’est leur structure oligopolistique, un petit nombre de producteurs et souvent un petit nombre de clients, par exemple les BRICS. Les entreprises sont des « prices makers » et les clients doivent se partager une production sous optimale (zero sum game).
Ainsi, les facteurs de puissance pour la sécurisation des ressources naturelles sont instrumentalisés par les Etats et les entreprises : technologie, institution, géographie. Ces facteurs contribuent à gérer le risque associé à une interdépendance sur les ressources naturelles provenant de territoires africains. Ce risque est déterminé par deux dimensions, l’importance économique et la possibilité de rupture des approvisionnements.
Si la ressource naturelle n’a pas de substituts et la production est concentrée, alors la rupture d’approvisionnement devient un risquestructurantpour les acteurs de l’interdépendance.
Selon les économistes, le marché permet l’adaptation de l’offre à la demande. Mais, dans la réalité, cette adaptation dépend de l’existence de substituts, de la possibilité de recyclage ou de nouvelles innovations imprévisibles. A ces éléments s’ajoute d’autres caractéristiques structurelles comme l’inélasticité de l’offre sur une dizaine d’années. Dès lors, c’est la dimension politiquede la sécurité qui prime sur le marché.
La posture épistémologique
L’analyse de cette problématique s’appuie sur l’approche Acteur->Stratégie->Contexte->Enjeux. Elle consiste à repérer les acteurs, à observer leur stratégie, à décrire le contexte et à identifier les enjeux. Les acteurs sont identifiés à l’aide d’une typologie. Elle permet de désigner un groupe avec des valeurs propres. Il peut s’agir d’Etats (monopole de la légitimité de la violence), d’org int (influence), d’ONG (opinion publique), d’entreprises et d’institutions financières (production et investissement). Plus précisément, pour les Etats nous distinguons la superpuissance globale, le conquérant multimodal, le séducteur patient, le dominateur agressif ou le cheval de Troie. Ces acteurs sont à l’origine de stratégies, ie la mobilisation de moyens en vue d’obtenir une fin.
La géographie du continent africain
L’accès à l’Afrique est possible à partir des voies maritimes sur tous le pourtour du continent, qui est associé à 3 « choke points » stratégiques : les détroits de Bab el Mandeb et Gibraltar, le canal de Suez et le cap de Bonne espérance. C’est donc un continent vulnérableface à des forces militaires d’invasion par voie maritime.
Les reliefssont variés, un vaste plateau à l’est et des chaines de montagnes au nord, l’Atlas. De grands fleuves, Niger, Congo, Nil et Zambèze, structurent ce relief, parfois navigables, ils sont alors des moteurs de développement et de mobilité. La géographie africaine est appréhendée à travers la notion de régions climatiques(méditerranéen, désertique, tropical sec et humide) qui déterminent les besoins énergétiques et les contraintes alimentaires des populations. Elles déterminent aussi les contraintes sanitaires.
Le peuplements’est fait au gré des mouvements de populations nomades et des écosystèmes ce qui a conduit à un patchwork ethnique aux activités variées sur un même territoire.
L’histoire politique du continent africain : la rencontre avec l’Europe
Après les caractéristiques économiques des ressources naturelles, marché oligopolistique et la géographie du continent africain. Nous abordons l’histoire des relations internationales des territoires africains qui commence à partir de 1880 commence avec les explorateurs : Livingstone, Stanley, Brazza, Marchand qui partent des côtes vers l’intérieur. Au fur et à mesure ils découvrent les ressources naturelles, principalement minières (or, diamant, cuivre) et participent à la création de cette croyance en une Afrique source de richesse.
Afin d’éviter l’accroissement de rivalités déstabilisatrices entre les grandes puissances européennes, la société internationale s’organise pour favoriser une mise en exploitation commerciale et pacifique de ces richesses dans le cadre du libre-échange. Sous l’égide du chancelier Bismarck, la Conférence de Berlin en 1885 établit les normes qui guident l’insertion des territoires dans cette premières mondialisation. Ces premières zones d’influences sont mises en place par les chancelleries en fonction de leurs intérêt propres sans tenir compte d’une rationalité économique optimale, des populations locales et des contraintes des régions climatiques.
Ainsi, la récessionimportante des années 1870 conduit les grandes puissances à verrouiller leurs empire en termes économiques. La division internationale du travail se met en place, les puissances industrielles produisent et exportent tandis que l’Afrique les approvisionne en matières premières. La conséquence est la destruction des économies traditionnelles. Les facteurs à l’origine des impérialismes sont à la fois intenses et externes.
Tout d’abord, l’accroissement de la production de masse et sa diversité conduisent à l’augmentation des besoins en volume et en natures des matières premières : pétrole, fer, caoutchouc. Ensuite les réseaux de transport, voiture, train et bateau à vapeur se diffusent et les réseaux de communication le télégraphe accompagnent et amplifient cette projection de la puissance et l’extension du pouvoir impérial et des échanges.
Le cas de l’exploitation des diamants par C. Rhodes illustre le mécanisme de prise de possession du territoire trouve sa justification dans la sécurisation des gisements et l’établissement du monopole De Beers qui entraine le contrôle politique des territoires et des populations dont le monde d’existence traditionnelle est détruit. A ces facteurs il faut ajouter la nécessité de sécuriser les voies d’approvisionnementqui sont des lifelines pour les sociétés industrielles. Ainsi la Grande Bretagne ne produisait que 30% des denrées agricoles au XIXème siècle et elle importait le reste. Cette quête de sécurité permanente est une caractéristique structurante la société internationale. Cette quête fut possible par le décalage de puissance, l’armée britannique de Lord Kitchener vainquit les soudanais alors qu’ils étaient inférieurs en nombre dans un rapport de 1 pour 2, grâce à la mitrailleuse Max Machine Gun. L’impérialisme s’appuyait aussi sur l’idée de civiliser les populations indigènes caractéristique du racisme du XIXème siècle. Ainsi, en 1914 tous les territoires, hormis le Libéria et l’Ethiopie étaient sous domination européenne.
Le colonialisme lié à la Révolution Industrielle a initié l’importance économique des ressources naturelles puis la décolonisation dans le contexte de la Guerre Froide conduit à l’indépendance de nouveaux pays mais la spécialisation de leur économie s’accroit. L’intégration dans les marchés globaux s’est amplifiée après le moment unipolaire et l’hégémonie américaine.
Plus précisément, la 1èreguerre mondiale avait initié la conscience nationale des peuples indigènes. Cependant, il fallut attendre le changement de la polarité de la société internationale à la fin de la 2ndguerre mondiale pour offrir une alternative à ces mouvements. Dans les années 1960, 25 nouveaux pays d’Afrique émergeaient. Au centenaire de la Conférence de Berlin en 1985, 45 nouveaux pays africains étaient souverains et membres des Nations Unies.
En effet, la nouvelle structure bipolaire de la Guerre Froide avait permis aux mouvements nationalistes d’accéder à la sphère publique internationale de l’Assemblée Générale des Nations Unies. la structure bipolaire de la société internationale avec 2 puissances anti coloniales. Celle-ci joue un rôle déterminant qui conditionne les stratégies possibles des nouveaux Etats pour affirmer leur souveraineté. Ces nouveaux membres tentent de s’organiser afin d’amplifier leur poids sur la scène internationale comme l’OUA en 1964. A la fin des impérialismes européens apparaissent les caractéristiques permanentes des territoires africains. Leur richesse repose principalement sur les ressources naturelles. La polarité de la société internationale conditionneles stratégies de conquête et de puissance des grandes entreprises dans ce secteur et des Etats concernés.
Ainsi, l’OUA s’organise pour limiter les interventions extérieures fassent aux souverainetés récentes des pays africains. Il s’agit d’éviter les conflits de renforcer la coopération militaire. Mais ces postures n’offrent pas de moyens faces aux déterminants de l’exploitation des ressources naturelles. L’Union Africaine prend le relais en 2002. Les pays s’organisent en coalition régionale ou internationale comme le G77.
En effet, l’exploitation des ressources naturelles est conceptualisée avec la notion d’interdépendance. En cas d’asymétriede la répartition des bénéfices, elles sont porteuses de vulnérabilitéset d’instruments politiques dont l’équilibre et la sécurisationnécessite des acteurs puissants. Parfois c’est le rôle des Etats, parfois non.
Ainsi, l’exploitation du diamant illustre les capacités de mobilisation des acteurs non étatiques. Les diamants requièrent une excavation de terres importantes (600 mg pour 250 tonnes) mais les diamants sont faciles à transporter. Les diamants d’Afrique de l’Ouest alimentent la place d’Anvers. Ils représentent une part marginale de la production mondiale. Le marché est dominé par trois groupes mondiaux de Beers, Alrosa et Angola RDC. Les conflits ont été financés par le trafic illégal de diamants en Sierra Leone entre 1992 et 2000 avec la mise en place d’un embargo sur les diamants. De façon plus durable, les Etats et les ONG pour préserver la réputationdes bijoux, le processus de Kimberleya mis en place la certification de l’origine des pierres pour garantir la non utilisation pour soutenir la guerre. Ce processus à la participation de 79 pays membres de l’ONU et 99% de la production. Le Zimbabwe est encore à l’écart de ce processus.
Cependant cet exemple reste marginal. La période post coloniale est surtout caractérisée par le déséquilibre des rapports de force étatique. C’est le néocolonialisme ou la poursuite de l’insertion des territoires africains dans les interdépendantes mondiales. Si les Etats nouveaux prennent possession des gisements de ressources naturelles, alors ils restent dépendants des investissements et du pouvoir de client.
Le cas de l’uranium
Depuis la vague des indépendances, les pays africains sont confrontés au paradoxe de leur héritage des impérialismes. Ils sont intégrés aux échanges mondiaux, mais la polarité de la société internationale conditionne les stratégies de développement de leurs économies spécialisées dans l’exploitation des ressources naturelles. La régulation des interdépendances est souvent le résultat de ces rapports de forces dont la pression sur l’environnement et la soutenabilité sont les critères déterminants.
L’interdépendance de l’uranium illustre les enjeux standards de l’exploitation des ressources naturelles des territoires africains. Pour la France, cette chaine de conversion d’énergie est stratégique car elle assure 75% de l’électricité produite
L’uranium est la matière première qui alimente les 429 réacteurs nucléaires mondiaux qui produisent 16% de l’électricité au sein de 31 pays. La production minière mondiale d’uranium est de l’ordre de 40 000 tonnes. 10 mines représentent 55% de la production, le recyclage concerne environ 17% de la production, donc c’est une ressource naturelle non renouvelable et concentrée.
Elle est dominée par le Canada, l’Australie et le Kazakhstan qui représente 90%. Les trois autres producteurs significatifs, la Russie, la Namibie et le Niger jouent un rôle de fournisseurs alternatifs qui permettent de diversifier les approvisionnements. La distribution des réserves conforte cette distribution du pouvoir des fournisseurs. 3 pays représentent 60% de la production, le Canada, l’Australie et le Kazakhstan respectivement : 13%, 27% et 17% des réserves. Dans ce contexte, le cas du Niger au regard de la France est révélateur des mécanismes d’équilibre des forces.
3 pays sont dépendants à plus de 50% de leur approvisionnement en uranium : les Etats Unis, la France et le Japon. Pour la France, la dernière mine sur le territoire a fermé en 2005. La totalité de la consommation est couverte par les importations du Niger, du Kazakhstan et du Canada. Pour la France, le Niger représente un fournisseur alternatif de 30% des approvisionnements. Il est important mais pas dominant sur le marché c’est un moyen de diversification des fournisseurs.
Areva est le 1erproducteur mondial d’uranium avec 17% du marché de plus Areva est présent sur des gisements au Kazakhstan et au Canada. Ainsi, l’entreprise publique AREVA importe la totalité du minerai nécessaire.
La majorité de ses approvisionnements 30% sont au Niger depuis les premières prospections en 1957, principalement dans le massif de l’Aïr. Ces gisements sont stratégiques pour AREVA, ils représentent 42% de ses profits. Après le 1erchoc pétrolier, le plan Messmer de 1974 confit l’extraction à la GOGEMA pour le programme nucléaire civil qui doit diminuer la sensibilité à la dépendance pétrolière. Les principaux gisements sont situés dans le massif de l’Aïr. Ils sont exploités par AREVA. 100 000 tonnes ont déjà été extraites depuis 40 ans. Son exploitation exerce une pression forte sur l’environnement (pollution radiologique et hydrique). Les aquifères sont touchés à 70% dans un pays au ¾ désertique.
Pour sécuriser cet actif stratégique AREVA s’appuie sur son capital technologique pour limiter le pouvoir de son fournisseur. L’exploitation et le raffinage du MOX nécessité un capital technologique important qui n’existe que chez un petit nombre de clients, donc le pouvoir du client est supérieur au pouvoir du fournisseur. La France fut le premier exploitant de ce minerai, en tant qu’ancienne puissance coloniale, les 2 gisements d’Imouraren et d’Arlit. L’indépendance du Niger a conduit à une économie spécialisée : 16% du PIB et 10% de la population active travail dans le secteur des mines qui représentent 70% des exports. D’autres facteurs comme le poids de 1eremployeur privé de la région (2 500 employés sur place) et 1ercontributeur à hauteur de 33% du budget de l’Etat à hauteur de €100 millions.
La dynamique du marché est une contrainte pour cet Etat qui ne peut pas déployer une stratégie pour optimiser le niveau de la production en fonction du prix. Alors que le prix s’envole en 2007 passant de $50 à $187 le Niger régresse au 6èmerang face au Kazakhstan qui multiplie par 4 sa production et devient le 1erproducteur à hauteur de 30% soit environ 6 000 tonnes.Face à l’augmentation de la production du Kazakhstan, la part de marché du Niger a diminué donc il a perdu de son pouvoir de fournisseur, de plus il ne représente que 5% des réserves mondiales.
Devant l’absence de prise en compte de l’intérêt de développement du Niger par AREVA notamment lors de la flambée du prix en 2008, l’Etat met en concurrence ce client avec d’autres puissances. L’Etat nigérien décide alors d’octroyer de nouveaux permis d’exploitation de l’uranium, à hauteur de 139 depuis 2007, à des entreprises canadiennes et chinoises pour diversifier sa dépendance et renforcer sa position de négociation, son pouvoir de fournisseur face à la France. L’émergence de la Chine qui doublera d’ici à 2025 son parc actuel de 11 réacteurs offre une opportunité de renforcement du pouvoir de fournisseur du Niger. En réponse, AREVA développe d’autres gisements et partenariats notamment au Canada et Kazakhstan.
Hormis la dépendance financière à l’exportation de l’uranium, l’Etat nigérien est confronté à la conflictualité favorisée par la pression sur l’environnement. En effet, les populations nomades Touareg subissent les dégradations sans profiter des retombés économiques de la rente minière.
Il y a un risque sécuritaire sur les mines d’uranium situées en territoire Touaregs (nomades) qui ne profitent pas des revenus de cette interdépendance, ils sont à l’origine de rébellions en 1990 et e 2007 et ils subissent la pression sur leurs éco systèmes. Cela se traduit par des liens avec le djihadisme et l’enlèvement d’expatrié et des attentats.
A ces stratégies d’équilibre des pouvoirs de fournisseur et de client il faut ajouter les difficultés de l’Etat nigérien face au MNJ (mouvement national pour la justice). Cette conflictualité est renforcée par la pression sur l’environnement de l’extraction d’uranium et elle affaiblit la légitimité et l’attractivité du Niger. L’insertion du Niger dans la conflictualité régionale (BSS) conduit la France et les grandes puissances concernées comme la Chine à s’impliquer davantage avec des moyens diplomatico militaire en écho à son passé impérial.
Ainsi, l’ensemble des interdépendances dans lesquelles sont insérés les territoires africains constituent le phénomène d’intégration de l’Afrique dans la mondialisation. Le cas de l’uranium montre que le dilemme de l’Afrique c’est la mise en valeur de ses ressources naturelles en l’absence d’infrastructure et d’institution politique avec pour conséquence une très forte pression sur l’environnement. Si les voies d’échanges sont toujours les même depuis un siècle et demi, leur nature, 90% de produits primaires (minerai, agricole, énergétique) ils représentent moins de 2% de la valeur des échanges mondiaux. La faiblesse en valeur des échanges conduit les Etat à s’enfermer dans le problème récurrent de la dette comme l’illustre le cas de la Cote d’ivoire.
La faiblesse de l’Etat est aussi à l’origine de la non prise en compte des effets de la pression sur l’environnement qui touche les populations nomades (Touareg). Elles exigent une meilleure répartition de la rente minière. Lorsque la conflictualité connait des développements important, par couplage avec le terrorisme, l’ancienne métropole doit intervenir pour sécuriser la région. Ces mécanismes de pouvoir sont la situation générale sur les interdépendances des ressources naturelles africaine comme l’illustre la côte d’ivoire après son indépendance elle a maintenu sa spécialisation, notamment dans les secteurs du café et du cacao. L’effondrement des prix et la volatilité des cours conduit à un endettement dont la faible légitimité des institutions politiques requiert une intervention extérieure de l’ancienne métropole et de la communauté internationale. Pour éviter les spirales de violences dans un cadre démocratique fragile.
Interdépendance produits agricoles
La période post Guerre Froide a vu le maintien du rôle stratégique des matières premières en Afrique. Celui-ci a conduit au développement d’interdépendances entre le pays exportateur, dont la souveraineté est nouvelle, et le pays importateur, souvent l’ancienne métropole. Ces interdépendances font apparaitre une dialectique des pouvoirs de fournisseur et de client où le contrôle des territoires n’est pas la variable la plus déterminante. En effet, la maîtrise de la technologie, la structure du marché internationale et la faible stabilité des nouveaux régimes sont des facteurs souvent plus importants et en faveur du pouvoir du client importateur comme l’illustre le cas de l’uranium au Niger. Ce type de relation a souvent été désigné comme neo colonialisme alors que c’est une forme de relations internationales intrinsèque au développement des interdépendances dans une société internationale anarchique, c’est d’origine structurelle.
De plus, le pouvoir de fournisseur est très variable en fonction des variations des prix des matières premières ce qui renforce la corruption au détriment du développement de la puissance publique et le renforcement du pouvoir du client via le développement des dettes et les prescriptions des organisations internationales qui accompagnent leur traitement comme l’illustre le café et le cacao en Côte d’Ivoire.
L’indépendance à renforcer la spécialisation des pays africains au détriment de leur diversification, la Cote d’Ivoire est ainsi devenue le 1erproducteur de cacao et le 4èmede café. La chute des cours et leur volatilité dans les années 1990 ont conduit à des rivalités politiques dont la faiblesse des institutions du pays a conduit à une intervention de la communauté internationale pour stabiliser le pays. Le résultat est une très forte pression sur l’environnement, la déforestation, la désertification, la tension hydrique et l’urbanisation.
Depuis 1972 et la création du PNUE de nombreuses conventions ont tenté de réduire cette pression malgré la défaillance des institutions politiques afin de rendre soutenable l’exploitation des ressources naturelles. Dans les années 1980 le plan de Lagos a pour ambition d’accroitre l’autonomie de l’Afrique pour réduire sa vulnérabilité à la volatilité des matières premières. Il proposait un ensemble de bonnes pratiques dans le secteur de l’environnement, de l’alimentation et de l’eau. Son échec conduit les dirigeants africains à mettre en place le NEPAD pour suivre les principes économiques du Consensus de Washington. Cependant, la soutenabilité de l’extraction des ressources naturelles et l’émergence de nouvelles puissances rend caduc cette volonté politique des pays africain comme l’illustre l’exemple de l’exploitation forestière
La biomasse en Afrique sert à la fonction de chauffage. 63% de l’énergie pour le chauffage à partir du bois est passée de 400 millions de m3 à plus de 800 entre 1970 et 2015. Elle est concentrée dans la forêt équatoriale. Le couvert forestier représente 4 milliards d’ha, soit 31% des terres émergées. La RDC est le 7èmepays le plus boisé avec 134 millions d’ha. La concentration de la forêt dans le bassin du Congo est le second poumon de la planète. La surexploitation conduit à la déforestation. Celle-ci est renforcée par la dynamique d’exportation, notamment vers la Chine. Selon la FAO entre 2000 – 2010 c’est la surface de la Grèce qui a disparu annuellement. Le 1erport d’importation de bois est Shanghai, le Congo exporte plus d’1 million de m3/an. Le déséquilibre de la nature des exports d’Afrique 60% vs import Chine 10% de la production mondiale la productivité mondiale la plus forte 189 arbres/jour.
L’émergence de la Chinafrique
La Chine suit la trajectoire des pays européens au XIXème siècle mais de façon très accélérée. La Chine est passée de 5% des importations mondiales des minerais métallifères en 1992 à plus de 50% en 2012. Les moteurs sont l’industrie manufacturière pour l’exportation et les infrastructures et l’urbanisation du territoire chinois.
La Chine a produit en 2013 48% de la production mondiale d’acier. La Chine importe 2/3 du minerai de fer qu’elle consomme. La Chine a produit en 2013, 30% de la production mondiale de cuivre. La Chine importe 70% du minerai de cuivre. Le fer (70%) et le cuivre (15%) représentent 85% du coût des importations de minerai : $134 milliards en 2012 ce qui représente 7% du total des achats du pays. La Chine en 2013 représente 65% des flux mondiaux de minerai
Les acteurs
- L’extraction est dominée par d’énorme société FMN
- VALE : Brésil, RIO TINTO : Australie, BHP Billibon : Australie, 40% production et 70% exportations du minerai fer
Les stratégies :
1/ prise de contrôle d’un des plus grand acteur, RIO TINTO en 2008 échec.
2/ association, Guinée (Rio Tinto et Chinalco sur producrion de 70 millions de tonnes de minerai fer
3/ investissement direct dans les gisements
les entreprises chinoises Chinalco, Jiangxi, Copper, Heibei steel, Bao steel, Shougang, ISCO, China Nonferrous metals, Metallurgica, Corp of China, Minmetals, ont investit $100 milliards dans une quarantaine de pays afin de renforcer leur pouvoir d’importateur.
Le siège de l’Union Africaine a été en partie financé par la Chine et construit par des entreprises chinoises. Les diplomates ont découvert que le système d’information était piégé et que leur activité étaient espionné !