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Résumé : Kenneth Oye, « The conditions for cooperation in world politics », World politics, 1986
30 juin, 2021 | Commentaires fermés sur Résumé : Kenneth Oye, « The conditions for cooperation in world politics », World politics, 1986
Kenneth Oye (1949) est Pr. de Relations Internationales au MIT. Le contexte de ses travaux est celui de la Guerre Froide, un monde bipolaire. Le contexte de l’article est une époque marquée par l’arrivée au pouvoir de Mikhail Gorbatchev et une vague neo libérale incarnée les dirigeants R Reagan et M Thatcher.
Thème : il développe des fondements théoriques pour la coopération en vue d’intérêts mutuels en l’absence d’autorité centralisée, avec des applications à la sécurité et aux affaires économiques.
L’ouvrage dont le texte étudié est tiré : Coopération sous l’anarchie, 1986, ed Princeton University Press
Dans ce texte, le thème majeur est celui de la coopération. L’auteur utilise la th. des jeux pour expliquer la coopération. Cette th. permet l’analyse des calculs stratégiques des interactions entre les acteurs de la scène internationale. Dans les rel. int., ces situations de décisions interdépendantes et d’interactions stratégiques sont fréquentes et elles se produisent dans un contexte d’anarchie.
K. Oye suggère que 3 dimensions qui servent d’explication à la coopération pour promouvoir la coopération. Les 3 parties du texte définissent chacune une dimension. Dans chaque partie, il explique comment cette dimension compte dans la coopération ou le conflit en l’absence d’autorité centralisée, et il examine les stratégies associées à ces dimensions pour améliorer les possibilités et perspectives de coopération. Le but de cet article est de produire une meilleure compréhension de la coopération internationale.
Résumé :
Pourquoi la coopération émerge-t-elle dans certains cas et pas dans d’autre ? Cette question fondamentale recouvre deux interrogrations :
1/ quelles circonstances favorisent l’émergence de la coopération ?
2/ quelles stratégies les Etats peuvent adopter pour favoriser l’émergence de la coopération en modifiant les circonstances ?
Dans la première partie l’auteur montre comment les structures de gains affectent les perspectives de coopération, et il présente les stratégies pour améliorer les perspectives de coopération en modifiant ces structures de gains.
Pour 2 acteurs qui ont le choix entre coopérer (C) ou faire défection à la coopération (D), la structure des gains est déterminée par les quatre états résultant : CC = coopération mutuelle, DD = défection mutuelle, DC = défection unilatérale, CD = coopération unilatérale
Pour obtenir les bénéfices mutuels issuent d’une coopération, les participants doivent valoriser l’état CC > DD. Mais, la coordination est aussi nécessaire pour obtenir ces bénéfices mutuels si nous avons DC > CD.
L’articulation de ces deux inégalités conduit à 3 dilemmes de gains possibles.
Le premier est désignée par l’expression du Dilemme du prisonnier. C’est une situation où pour chacun DC > CC > DD > CD. Autrement dit, chaque acteur préfère la défection à la coopération afin de maximiser son gain, la défection unilatérale conduit alors à la défection mutuelle.
Le second est le Dilemme du chasseur. Pour chacun CC > DC > DD > CD. La coopération sera maintenue ssi chacun est persuadé que tous les autres vont coopérer. C’est alors la peur d’être dans une situation de coopération unilatérale qui conduit chacun à faire défection.
Le troisième est le Dilemme de la Poule mouillée. Pour chacun DC > CC > CD > DD. Autrement dit, tant que l’autre ne fait pas défection, je ne fais pas défection. Le risque que l’autre face défection (n’essaye pas d’éviter l’accident) est l’enjeu du choix DC ou CC.
Ces situations ont donc des structures de gains qui rendent la coopération « difficile » voire impossible. Au contraire, on parle de coopération lorsque celle-ci est préférable, ou lorsque celle-ci est nécessaire à la survie des acteurs.
La modification de la structure de gain peut conduire à l’harmonie ; Par ex. la perception partagée des conséquences d’une guerre thermonucléaire. Concernant les dilemmes, en modifiant les structures de gains, les dilemmes peuvent être modifié et conduire à la coopération.
Ainsi, dans quelle mesure un Etat peut changer la structure des gains ?
- Rendre les traités publics diminue le gain de la défection
- Les coûts spécifiques au respect d’un engagement en cas de rupture sont une perte définitive, plus ils sont importants et plus les gains de la défection diminuent
- La constitution de régime, les normes modifient la perception des gains par les Etats, les informations partagées sur les intentions des uns et des autres.
Les altérations possibles sont dans un premier temps, les stratégies unilatérales : investir dans les actifs qui diminuent la capacité des acteurs à faire défection à un traité. Dans un second temps, les stratégies bilatéralesconduisent à la modification de la perception et de la compréhension mutuelle des acteurs et modifient la matrice des gains. Enfin, les stratégies multilatéralesqui reposent sur la formation de régimes internationaux.
Ainsi, la construction d’une “shadow of the future” est une stratégie qui favorise le maintien d’une posture coopérative. Si nous définissons le gainmutuel = CC – DD et le gain d’une défection = DC – CD ou gain relatif avec l’inégalité CC – DD > DC – CD nous contribuons à un environnement qui favorise la coopération.
Plus précisément, si le jeu se répète dans le temps de façon régulière, les différences des gains peuvent s’accumuler et dépasser la structure de gains initialement favorable à la défection. Il s’agit alors d’une interaction continue qui affecte la probabilité de coopération. Dans les interactions répétées, dès qu’il y a défection, il n’y aura plus coopération, donc les gains sont obtenus une fois. Ce sont des gains à court terme. Alors que les gains de la coopération, même inférieurs aux gains de la défection, peuvent s’accumuler dans le temps et les dépasser. La répétition permet de renforcer la crédibilité d’un acteur, elle augmente ce que l’on appelle l’ombre du futur. Attention , dans le cas du dilemme de la poule mouillée, l’itération peut diminuer la probabilité de coopération.
La séquentialisation dans le temps des conditions et des conséquences permet d’étendre la durée de la coopération, ses bénéfices et ses perspectives. De même, le couplage de l’obtention des gains futurs peut être lié au gain présent et à la coopération
Dans un environnement de répétition des interactions, la réciprocité est un facteur supplémentaire qui améliore la coopération (conditionnalité). La répétition introduit des conséquences aux conséquences des décisions pour tous les acteurs. Elle permet de pratiquer la réciprocité, tant des gains de la coopération que de la punition pour la défection. Enfin, la transparence des intentions et la clarté des conditions et des conséquences favorisent le rôle de la réciprocité.Finalement, plus le nombre de participants augmentent plus les perspectives de coopération diminuent à cause des difficultés de coordination d’où la nécessité des régimes et des institutions afin d’éviter le mécanisme de passager clandestin.