Résumé, John MEARSHEIMER, « the false promise of international institutions”, International Security, 1994

12 juillet, 2021 | Commentaires fermés sur Résumé, John MEARSHEIMER, « the false promise of international institutions”, International Security, 1994

J. Mearsheimer, (1947), Pr à l’Université de Chicago, neorealiste offensif. Après son article très critiqué par les libéraux : Back to the futur, instability in europe after the cold war. Mearsheimer procède à une critique du rôle des institutions dans le courant libéral à l’aune de l’unilatéralisme américain.

Le secrétaire d’état Colin Powel au Conseil de Sécurité des Nations Unies en février 2003

Thème de recherche : la dynamique (l’équilibre/la rivalité) des puissances et l’ordre international

La thèse soutenue par Mearsheimer est que les insitutions ont une influence minimale sur la paix dans un monde post CW

Résumé : 

La théorie libérale reconnait que le pouvoir militaire est un facteur de puissance important. Mais les institutions  sont un moyen parfois plus efficace de maintenir la stabilité des rapports de force et donc de contribuer à la paix. Selon les libéraux, les institutions sont des agents qui éloignent les pays de la guerre et renforcent l’équilibre des forces.

Au contraire, pour les réalistes cette théorie libérale institutionnelle est incomplète car elle ne fournit pas de solution sur le problème de la confiance au coeur du dilemme de sécurité. Selon les réalistes, les Etats conduisent leur comportement selon leurs intérêts et les institutions reflètent la distribution des puissances. Les institutions n’ont pas d’effets indépendants de la volonté politique des grandes puissances.

Les éléments de la problématique sont donc : 

  • Qu’est ce qu’une institution ?
  • Comment les institutions conditionnent la paix ?
  • Quelle est la valeur de la causalité des institutions ?
  • Quels sont les faits historiques ?

Par définition, une institution est une organisation constituée par un ensemble de règles qui décrivent les comportements acceptables et ce qui n’est pas permis. Les Etats doivent choisir de s’astreindre à suivre ces règles afin de bénéficier des avantages offerts par cette appartenance. Cela conduit les Etats à adopter des comportements coopératifs, c’est une forme de coopération décentralisée.

Selon les libéraux, La coopération dans le domaine de la sécurité à travers des institutions est donc un outil pour prévenir l’escalade et le risque de guerre. L’objectif des institutions est de conditionner le comportement des pays membres à travers 3 normes : 

  • Les états doivent renoncer à l’utilisation de la force militaire pour altérer le statu quo, pas de guerre offensive et pas d’extension des territoires par la force. La théorie libérale considère que les aggresseurs sont peu nombreux et qu’il est possible de les identifier et donc de les “cadrer”.
  • Les états ne doivent pas envisager uniquement leur intérêt lorsqu’il contribue à la sécurité collective pour “recadrer” un pays agresseur, mais à l’intérêt de la communauté internationale
  • Les états, en tant que membre de l’institution doivent développer la confiance parmi eux afin qu’ils puissent agir de concert sur la base des 2 normes précédentes

Mais, selon les réalistse, la coopération entre les Etats est limitée par la logique de la compétition dans le domaine de la sécurité. En effet, l’anlayse réaliste repose sur 5 hypothèses :

  • L’anarchie est le principe d’ordonnancement des Etats
  • Les capacités militaires sont duales, offensive/défensive
  • Les intentions des autres Etats sont incertaines
  • L’objectif suprême d’un Etats est sa survie
  • L’Etat est rationnel dans un monde d’informations incomplètes

Cela conduit à 3 schémas de comportement : 

  • La confiance est variable, mais elle est toujours limitée par la peur de la guerre qui peut conduire à la disparition de l’Etat
  • Dans le champ de la sécurité, les Etats ne peuvent dépendre en dernier ressort des autres Etats, les alliances sont avérées mais temporaires
  • Les Etats cherchent à maximiser les gains relatifs (l’écart avec les autres), l’idéal est d’occuper la place de l’hegemon

Ainsi, la coopération selon les réalistes est caractérisée par 2 facteurs limitatifs :

  • Les gains relatifs
  • La triche ou la défection à l’intérêt de la communauté internationale

En effet, si un Etat se focalise sur les gains absolus alors l’équilibre des puissances (BOP) qui repose sur les gains relatifs peut être modifié à son détriment. Malgré le fait que l’Etat est “gagnant”. L’équilibre des puissances nécessite qu’un Etat évalue en permanence ses gains relatifs dans une coopération par rapport au partage des gains absolus avec les autres Etats.

De plus, si l’autre Etat triche, ment, camoufle, manipule ses gains relatifs ou si la dualité, notamment des capacités militaires, est forte, un basculement de l’équilibre des puissances est à craindre. En 1914, les interdépendances européennes n’ont jamais été aussi forte, elles sont restées sans effets sur le basculement dans la guerre. 

Parfois, les Etats choisissent de coopérer à travers des institutions. Dans ce cas, l’Etat le plus puissant influence cette institution pour protéger ou étendre sa part de puissance globale et ses gains. Ainsi, les institutions sont un miroir de la distribution de la puissance internationale. L’équilibre des puissances est la variable indépendante qui conditionne la guerre, les institutions sont une variables intermédiaires.

Les institutions ne sont pas pour autant inutile. En effet, il y a deux formes “dégradées” de sécurité collective : le maintien de la paix (peace keeping) avec l’intervention d’une tierce partie neutre et la coordination entre grandes puissances ou le “concert des grandes puissances” pour réduire le risque d’escalade.