Résumé : Stephen WALT, « Beyond Ben Laden, reshaping US foreign policy”, Political Science Quaterly, 2003

12 juillet, 2021 | Commentaires fermés sur Résumé : Stephen WALT, « Beyond Ben Laden, reshaping US foreign policy”, Political Science Quaterly, 2003

Stephen Walt est Pr. de Relations Internationales, il s’inscrit dans le courant réaliste, il a théorisé le réalisme défensif avec K. Waltz. Il est Pr. à l’Université d’Harvard. Il a introduit la distinction entre force/puissance et perception de menace, le Balance Of Power est traduit comme équilibre des menaces.

Oussama Ben Laden (1957 – 2011)

Contexte : Alors que des attentats avaient déjà touché les intérêts américains : le WTC en 1993, la base de Khobar en Arabie Saoudite en 1996, les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya en 1998, l’USS Cole au Yemen en 2000, la réaction américaines restait limitée malgré certaines de ces attaques qui avaient conduit au bombardement des bases d’Al Qaeda en Afghanistan, notamment en 1998. Ce sont les attaques contre le WTC et le Pentagon du 11 sept qui modifient significativement la politique étrangère américaine.

Thème : Walt analyse la période juste après les attaques du 9/11. Pour lui il s’agit d’un tournant majeur de la politique étrangère américaine. La lutte contre le terrorisme devient structurante pour l’action de la diplomatie et des forces armées américaines. Cet engagement se fait en l’absence de questionnement sur la politique passée au Moyen Orient.

Résumé :

S. Walt identifie 4 dimensions des conséquences de l’attaque du 9/11:

  • Malgré leur puissance militaire et économique, les US sont vulnérables et leur influence à un prix. La politique étrangère n’est pas gratuite : elle a forcément un bilan coût/bénéfice. Depuis les années 1980, la population américaine a accordé peu d’intérêt au coût de la pol étrangère. Les US ne se sentaient pas menacées. Leur croissance économique et le faible bilan humain de leurs interventions pre 9/11 les ont renforcé dans ce sentiment. Les attaques du 9/11 ont brutalement signifié aux américains une augmentation du coût de leur pol étrangère, notamment au Moyen Orient
  • La vision des US par les autres pays de la soc int : Les US sont moins populaires qu’ils ne le pensaient : que ce soit au Moyen Orient ou vis à vis des alliés, l’invasion de l’Irak a montré les limites du soft power de type hollywoodien et universitaire.
  • La nécessité de reconstruire les Etats défaillants afin d’éviter les pb de séc nat. Ne rien faire peut être plus coûteux que d’agir en amont (cas de l’abandon de l’Afghanistan en 1989). Les Etats défaillants sont des territoires disponibles pour des groupes politiques qui peuvent projetter leurs attaques terroristes à de très grandes distances
  • Les US ne peuvent pas toujours agir de façon unilatérale : il est nécessaire de construire une coalition pour obtenir une légitimité dans l’usage de la force à moins de perdre tout soft power et d’induire une coalition vis à vis de ses intérêts stratégiques. De plus, l’accès aux territoires des pays voisins du pays ciblé est parfois une condition nécessaire de l’emploi des forces militaires.
    Dans le cas de l’Afghanistan, l’éradiquaton d’Al Qaeda conduit au remplacement du gouvernement et à la mise en place d’un environnement politique plus stable. Cela induit la gestion d’une coalition internationale à travers une organisation internationale comme l’OTAN/ISAF, le renforcement du contrôle des armes, la reconstruction d’un pays, le rétablissement des relations avec les autres pays, etc.

Les deux derniers points sont propres à la stratégie de la guerre globale contre la terreur (GWOT) et des deux premiers pays visés : l’Afghanisan et l’Irak. Walt examine comment la GWOT induit des problématiques spécifiques dans la politique étrangère américaine. 

La première difficulté est la constitution d’une coalition internationale qui inclut des pays musulmans. Un autre difficulté est celle d’inclure des pays en confrontation latente (Pakistan/Inde).

Ensuite, Le contrôle des armes de destructions massives : comment utiliser des institutions internationales lorsque l’on a une pol étrangère unilatérale ? Par exemple, comment utiliser l’AIEA pour “contrôler” l’Iran alors que l’efficacité de son action est contestée en Irak ?

De plus, la problématique des états défaillants est plus large que la création d’une nation, même avec une aide économique et militaire pour soutenir un gouvernement élu démocratiquement. Il semble que les succès allemand et japonais d’après la seconde Guerre Mondiale ne sont pas reproductibles. En effet, la configuration géopolitique de la Guerre Froide n’est plus de mise. Il faut donc reconstruire les relations d’un pays avec les autres pays voisins qui ne partagent pas le même enthousiasme en faveur de la démocratie libérale

Dans le long terme, il y a 3 perspectives importantes : 

  • Les US doivent répondre plus fortement aux institutions multilatérales
  • Les US doivent agir avec plus de retenue pour faire accepter leur suprématie et inclure des intérêts commun à la société internationale
  • Les US doivent réduire leur implication en déléguant des responsabilités régionales afin de réduire leur présence militaire