Fiche Risque Pays : Le Pakistan et la situation régionale

20 mai, 2009 | Commentaires fermés sur Fiche Risque Pays : Le Pakistan et la situation régionale

RISQUE : Récemment, le président Obama a dû être rassuré par les services de renseignement US sur l’absence de risque de coup d’état Taliban au Pakistan et le chef d’Etat Major américain M. Mullen a dû, lui aussi, affirmé publiquement que l’arsenal nucléaire pakistanais était en sécurité afin de calmer les inquiétudes de l’opinion internationale.[27] Qu’elle est la probabilité de réalisation de ce risque qui aurait certainement un impact très important sur l’équilibre des forces régionales ?

Drapeau Pakistan

Drapeau du Pakistan

ENJEUX DE SECURITE : L’offrensive de l’armée pakistanaise dans la vallée de SWAT répond à la pression de Washington sur le président Zardari. Elle a peu de chance d’éliminer de façon significatives l’influence des Talibans dans cette région. Par contre, elle introduit un risque d’exploitation par les extrêmistes islamistes du désaroi des population déplacées (plus d’un million de réfugiés). Dans le contexte d’une sécurité alimentaire toujours précaire, cette population est un enjeu important pour la légitimité future du gouvernement. La dépendance du Pakistan vis à vis de ses voisins constitue un obstacle à sa stabilisation et l’armée garde sa capacité d’action diplomatique au travers de l’arme nucléaire.

Conflit interne : « L’alliance » entre l’armée pakistanaise et les Tabilans sous pression américaine.

La situation actuelle est plus que préoccupante. Au regard du maintien de l’ordre, les confrontations violentes et régulières entre d’une part, les Talibans, les nationalistes et les tribus pachtounes sous la direction de Baitullah Mehsud (note 3) et, d’autre part, les forces de police et l’armée pakistanaise illustrent la perte de contrôle de l’État sur une partie de sa population dans la province frontalière du nord ouest (NWFP).[9] Autre exemple, plus marquant, la perte d’autorité complète sur 1/5 du territoire, la vallée de SWAT, à 160 km de la capitale Islamabad, où depuis le 16 février 2009 c’est le régime politique des Talibans qui officiellement s’applique à la population au travers d’une Sharia rigoriste, souvent même extrémiste.[5]&[9] Désormais, 1.8 millions de pakistanais vivent sous la loi des Talibans. Ceux-ci gèrent les institutions telles que les écoles et les tribunaux avec leur extrémisme bien connus. « L’autorité politique de l’État à disparu de la vallée de SWAT. Cette situation met en lumière les dangers qui menacent le Pakistan dans d’autre régions. »[10] Le régime du président Zardari, démocratiquement élu en septembre 2008, est ainsi délégitimé quelques mois après être entré en fonction. C’est la conclusion réaliste auquel arrive les militants des droits de l’homme tel qu’Asma Jahangir, actuellement sous la menace des Talibans pour s’élever contre les crimes d’honneur. La disparition de l’autorité politique enlève tout recours ou toute opposition contre la violence. « Plus personne n’est en sécurité, quand vous êtes menacé par les autorités, vous pouvez toujours riposter sur le plan juridique. Mais avec des acteurs non étatiques [les Talibans], quand les membres du gouvernement eux-mêmes ne sont plus à l’abri, vers qui vous tourner ? à qui demander protection ? »[9] Pour mettre fin à cette situation et pour faire suite au sommet de Washington, le premier ministre pakistanais Youssouf Raza Gilani a demandé aux forces armées, le 7 mai dernier, d’éliminer les Talibans de la région de SWAT dans le nord ouest du pays rompant ainsi l’accord de paix honteux signé en février 2009. La carte n°8 montre la localisation des opérations dans la vallée de SWAT et les districts attenants de Lower Dir et Buner. Selon Al Jazeera et Le Monde, il y aurait 15 000 soldats pakistanais engagés contre une présence de 5000 à 7000 combattants Talibans.[31] Quelques 700 à 1100 Talibans, selon l’armée pakistanaise, aurait été tués.[32] Mais la zone des conflits est hermétiquement bouclée par les militaires et aucune information ne peut être vérifiée.[33] L’offensive qui devait durer quelques jours a franchi le cap de la 4ième semaine de sanglants affrontements avec un déplacement de population d’1.5 millions de personnes, sans précédent depuis l’indépendance de 1947. Les acteurs islamiques radicaux de la société civile se mobilisent pour soutenir une population en détresse à l’image de ce que font le Hezbollah ou le Hamas. Cette action de l’armée est la réponse à l’extension du pouvoir des Talibans à partir de la vallée de SWAT sur les districts voisins de Buner et de Lower Dir. Mais il semble que l’objectif de l’armée pakistanaise est de reprendre simplement le contrôle des territoires connexent que les Talibans avaient infiltrés. Il s’agit de contrôler les Talibans du groupe Tehrik-e Jaliban Pakistan (TTP) qui est maître de la vallée de SWAT depuis l’été 2007. Cela permettra à l’armée pakistanaise de maintenir ses ambivalences et son double jeu vis à vis du gouvernement d’Islamabad.[28] Cette offensive a pour objet de répondre aux craintes de Washington et de la secrétaire d’Etat H. R. Clinton. Le consensus au sein du Pakistan du début de l’offensive semble très fragile.[31] Ainsi, les tribunaux islamiques prévus seront bien mis en place dans la région de Malakand (à laquelle appartienne la vallée de Swat, Lower Dir et Buner) à l’aide des ambivalences de l’armée mais sous le « contrôle » de celle-ci.[28] D’autre part, d’un point de vue tactique, cette région des vallées de SWAT et de Buner, ainsi que les régions tribales ont une longue tradition d’autonomie face au pouvoir central. Moucharraf avait lancé plusieurs opérations qui ont échouées et une guerre avec des moyens militaires et une tactique de type coloniale a une très faible probabilité de succès.[44] L’actuel opération militaire n’est pas une solution à long terme mais une réaction à la pression américaine.

  Opérations dans la vallée de SWAT
Carte n°8 Opérations militaires en cours (Source Le Monde 11 mai 2009)

Prolifération nucléaire : un risque toujours présent

L’inquiétude concernant le nucléaire militaire au Pakistan n’est pas nouvelle. Le réseau de prolifération nucléaire du Dr Abdul Qader Khan en est l’une des sources les plus prégnante. Il est considéré comme le père de la Bombe islamique. Dans le contexte économique du Pakistan, sa capacité à obtenir un armement nucléaire par ses propres moyens représente un acte de fierté nationale dont le promoteur, le Dr Abdul Qader Khan, porte encore aujourd’hui l’aura héroïque. Mais il a aussi mis en place un réseau de diffusion de la technologie et du materiel nucléaire à destination de la Libye, de la Corée du Nord, de l’Iran et de la Malaysie.

Le réseau de prolifération du Dr Abdul Qader Khan n’est pas simplement un exemple de réseau illicite et dangereux. C’est un outil de politique étrangère. Dans un interview avec Elizabeth Mills de la revue Jane’s en septembre 2008 [21], le père de la bombe atomique pakistanaise donne sa vision des faits qui lui sont reprochés. A la lecture de ses déclarations, le réseau de prolifération nucléaire du Dr Abdul Qader Khan apparaît comme un outil de la politique étrangère des militaires, notamment de P. Moucharaff, à destination de pays comme la Lybie, l’Iran ou la Corée du Nord. Selon le Dr Abdul Qader Khan, le réseau de proliferation bénéficiait de l’appui du Strategic Planning Directorate (SPD) et de Inter-Service Intelligence (ISI) montrant ainsi la nature politique de ce réseau de prolifération.[21]

Ce réseau a fourni pendant 20 ans en plans industriels de centrifugeuses et d’ogives nuclaires et de technologie ballistique les régimes lybien mais aussi iranien et nord coréen. En terme de politique étrangère l’impact est très important.[14] Les difficultés actuelles de la société internationale sur le programme nucléaire iranien ont leur source, en grande partie,  dans ce réseau de prolifération. Aujourd’hui, l’armée pakistanaise produit toujours une quantité inconnue d’uranium pour son propre armement nucléaire, elle a d’ailleurs, selon l’ISIS, augmenté ssa production d’uranium militaire. D’autre part, il n’y aurait pas moins de 2000 ingénieurs et techniciens qui possèderaient une connaissance critique pour la production d’armes nucléaires.[35] Le risque de prolifération est toujours latent et le gouvernement pakistanais sait que sa souveraineté réside principalement en cette force nucléaire de 60 à 100 missiles.

Exemple d'explosition atomique : Mike 10.4 MT en oct 1952

Le Pakistan est il au coeur du risque terroriste nucléaire ?

Sécurité alimentaire : un enjeu de politique intérieure sous tension permanente

Le Pakistan est une société dont la richesse principale est l’agriculture. Ce secteur représente 24% de son PIB et 44% des emplois.[3] Cependant, les limitations dues à l’eau et aux capacités d’irrigation montrent qu’il n’y a pas de possibilité d’accroissement significatif de la productivité de ce secteur. Sur le marché global de l’agro-alimentaire, le Pakistan est en concurrence avec les productions subventionnées des US et des Européens. Le Pakistan exporte principalement du riz et importe du thé.[3] Les échanges alimentaires et les capacités d’alimentation de la population pakistanaise sont un souci quotidien soumis au variation des prix du marché mondial. En Avril 2008, les émeutes de la faim avait commencé au Pakistan ou 56 millions de citadins sont dans une situation d’insécurité alimentaire.[22] Les échanges alimentaires sont un enjeu pour la paix civile dans la société pakistanaise. L’augmentation du prix des aliments de base (riz) accroit la déstabilisation du gouvernement. Suite à l’important déplacement de population, conséquence de l’offensive dans la vallée de SWAT, le gouvernement pakistanais repose entièrement sur la capacité des organisations internationales à alimenter ces déplacés. Le risque de « catastrophe humanitaire », est, selon ces agences (PAM, ONU, ONG) maximal.

Sécurité énergétique et matières premières : une forte dépendance vis à vis des pays du Golf et des pays voisins porteuse de clivages religieux

Dans le domaine énergétique, le Pakistan possède des réserves de 368 mb de pétrole. Avec une production en 2006 de 65 kbd pour satisfaire une demande de 360 kbd, ce pays est largement dépendant de ses importations pour couvrir ses besoins énergétiques tant pour les transports que pour le chauffage des particuliers et de l’industrie.[19] A cette dépendance énergétique s’ajoute une dépendance technologique. Ainsi, l’entreprise BP de l’ancienne puissance coloniale britannique est en charge d’1/3 de la production locale de pétrole et de gaz. De même, le raffinage du brut au travers de la Joint Venture Pak-Arab entre Islamabad et Abu Dhabi est une dépendance technologique qui s’inscrit dans le contexte du développement d’un Islam rigoriste ayant pour origine les pays du Golf. Cette version de l’Islam est renforcée par le système éducatif des madrasas, financés par des fonds des monarchies pétrolières et palliant les défaillances du système scolaire pakistanais. Le terroriste d’Al Qaeda Fazul Abdullah Mohammed est le produit de ces madrasas pakistanaises financées par les monarchies du Golf.[23] La récente visite du secrétaire US à la défense R. Gates en Arabie Saoudite pour obtenir un soutien contre les extrêmistes pakistanais illustre l’actualité de ce lien entre l’interdépendance pétrolière et les enjeux de politique internationale.[29] La madrasa Al-Haqqania est une école religieuse de renommée internationale et… le lieu fondateur du mouvement Taliban.[38]

Les limites en pétrole oblige le Pakistan à diversifier ses sources d’énergie. Il ne possède que 33 662 milliards de m3 de réserve gazière. Il devient alors nécessaire, pour satisfaire la demande en gaz, de mettre en place des pipelines avec les régions productrices les plus proches : l’Asie centrale, l’Iran et les pays du Golf. Techniquement et financièrement, les deux projets qui répondent le mieux à ce besoin sont les pipelines Turkmenistan-Afghanistan-Pakistan ($ 3 milliards) et Iran-Pakistan-Inde ($ 4 milliards). Le contexte actuel des relations entre l’Iran et les US d’une part, la situation sécuritaire en Afghanistan d’autre part, rendent caduque ces deux projets, principalement pour des raisons de politique internationale. Par conséquent, en 2008, le ministre pakistanais de l’énergie, Amanullah Khan Jadoon, a déclaré qu’en l’absence de ces 2 projets de pipelines, le Pakistan pourrait manquer de gaz en 2010 pour satisfaire simplement la demande liée à l’augmentation de la population de 2.6% (sur une population totale de 171 millions d’habitants). [19]&[20] En terme de matières premières, les réserves minérales, charbon, fer et bauxite sont localisées au Balouchistan où l’insécurité chronique réduit grandement les capacités d’exploitation et donc de revenues. [19]&[21] La situation énergétique illustre une forte dépendance vis à vis d’acteurs extérieurs : Iran, Pays du Golf, Afghanistan, Inde.

SITUATION ECONOMIQUE ET TENDANCE : Une intégration dans l’économie mondiale mais des perspectives limités avec peu d’effet sur les enjeux de sécurités

L’économie du Pakistan est centrée sur le secteur primaire avec des perspectives limitées de développement (contrainte d’irrigation).  L’industrie est un secteur faiblement développés (l’industrie contribue à 20% du PIB avec 27% de la force de travail) avec des investissements insuffisants (20% du PIB en 111ième position dans le classement mondial). Les services sont peu productifs (les services contribuent à 53% du PIB avec 37% de la force de travail) avec un taux d’alphabétisation très faible (49.9% de la population à suivi l’école, en 173ième position dans le classement mondial). Il semble que les perspectives de satisfactions des besoins primaires de la population pakistanaise représente un enjeu important pour le gouvernement. Le PIB par habitant est de $2600 mais 1/3 de cette population est en dessous du seuil de pauvreté et l’inflation courante est supérieure à 20%.[3]

Pourtant, le graphique n°1 montre l’évolution non négligeable du pouvoir d’achat au Pakistan et en Inde depuis 1991. Le Pakistan est d’ailleurs rattrapé par l’Inde. Ce voisin devient une puissance économique dominante comme l’illustre le second graphique. Le graphique n°3 montre un Pakistan dont les importations et les exportations ont tendance à se rejoindre et s’équilibrer en 2002 à 15% du PIB, elles sont légèrement positives en 2003 et 2004. Si nous mettons de côté les chiffres postérieurs à 2004 pour cause d’extension des violences, le Pakistan est un pays relativement intégré dans les échanges mondiaux, import et export, à hauteur de 15% de son PIB depuis 13 ans. Cette intégration ne signifie pas la destruction des activités locales. Le graphique n°4 montre que la formation de capital brute est supérieure à 15% du PIB depuis 1991. Elle a même beaucoup augmenté à partir de 2004, dépassant les 20% du PIB. Comme le montre le graphique n°5 , les investisseurs étrangers n’étaient pas particulièrement actifs, mais à partir de 2004 c’est une tendance très forte qui semble se mettre en place. Cette tendance est impulsée par l’aide américaine et son objectif de développement économique du Pakistan afin d’amplifier la lutte contre les Talibans. Les 6 et 7 mai dernier, lors du sommet tripartie de Washington, un soutien financier est promis pour l’agriculture et le renforcement des échanges avec l’Afghanistan au travers d’un accord enfin signé après 43 années de négociation.[27] L’aide demandée au congrès est de $497 millions pour les réfugiés, $400 millions d’équipement militaire pour l’armée (dont $100 millions pour la sécurisation de l’armement nucléaire) et $7,5 milliards d’aide non militaire pour le développement économique. Cependant, comme la rappelé le sénateur John Kerry, dans les zones de conflits, l’aide économique ne fonctionne pas.[40]

PIB Pakistan par habitant
Graphique n°1 : Le PIB par habitant
 Comparaison Pakistan/Inde part PIB mondial
Graphique n°2 : L’écart relatif de puissance économique
Importation et exportation pakistanaise
Graphique n°3 : Import et export pakistanais
 Formation du capital au Pakistan
Graphique n°4 : Le développement du capital pakistanais
 Investissement étranger
Graphique n°5 : Les investissements étrangers

SITUATION POLITIQUE : le Pakistan est en situation de faillite politique de l’Etat qui rend possible une période dangereuse de changement de régime similaire à la révolution islamique d’Iran en 1979. L’alternative d’un tel événement serait entre une armée qui peut maintenir la distinction entre les responsables des décisions politiques et la doctrine religieuse et des extrêmistes qui entraineraient le Pakistan dans un affrontement avec la communauté internationale.

La situation politique actuelle semble être le résultat d’une faillite de l’État et non pas celle d’un régime confronté à un mouvement populaire pakistanais qui trouverai son expression dans les extrémistes religieux Talibans. En effet, dans les zones tribales (NWFP) et la vallée de SWAT, les civils sont pris entre les tirs de missiles US, les mitraillages des hélicoptères de l’armée pakistanaise et les embuscades des Talibans. Ils n’ont plus le choix qu’entre devenir réfugiés ou partisans des rebelles. Ce n’est pas un choix politique, c’est un état de nature. L’offensive actuelle de l’armée pakistanaise sur la vallée de SWAT et les districts adjacents a provoqué la fuite d’un million de pakistanais qui viennent s’ajouter aux 500 000 qui avaient fui l’an dernier face aux Talibans.[34] La classe dirigeante elle même devient la cible des intégristes et de la population pakistanaise. Aujourd’hui, les pakistanais sont confrontés à un choix de société : « la théocratie islamique ou une république islamique moderne. »[2] Les préceptes de l’Islam intégriste vont ils s’imposer comme ultime recours de l’ordre civil dans l’écroulement du régime pakistanais actuel comme ce fut le cas en 1979 lors de la fin du régime du Shah Pahlavi en Iran ? Le maulana (note 2) Aamir, numéro deux de la mosquée rouge, le plus grand lieu de l’islam radical pakistanais, lors de son prêche du 17 avril dernier a appelé devant 10 000 pesonnes, « à accélérer la préparation de la révolution islamique dans le pays, y compris en donnant son sang. »[38] La violence à une telle échelle entraine des comportements extrémistes et alimente le conflit civil, signe d’une faillite du régime.[37] Il semble que l’administration Obama envisage même la possibilité d’avoir recours à la force militaire afin d’éviter que les armes nucléaires pakistanaises ne tombent entre les mains des insurgés : Talibans ou terroristes d’Al-Qaeda.[25]

ACTEURS LES MILITAIRES : la colonne vertébrale de la souveraineté pakistanaise et le principal acteur en mesure de « contrôller » les extrémistes

 Depuis la création du Pakistan en 1947 par les britanniques en remerciement à l’élite musulmane pour sa coopération dans la gestion de l’Inde, le nombre de coup d’Etat des militaires pakistanais illustre le poids politique avéré que l’armée joue en plus de son rôle classique de garant de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale. L’armée hésite rarement à intervenir face aux acteurs politiques civils et ceux-ci sont en permanence en situation de recherche d’équilibre des forces avec les militaires. Ainsi entre 1958 et 1969 le général Ayub Khan est au commande du pays. Il fut limogé par des civils, mais il transmet son pouvoir au général Yahya Khan qui démissionne en 1972. En 1977, c’est le général Mohammad Zia ul Haq qui prend les commandes jusqu’en 1988 où il décède dans un mystérieux accident d’avion. Enfin, en février 2008 le général Moucharraf remettait le pouvoir aux partis politiques civils lors d’une élection démocratique après avoir pris le pouvoir lors du coup d’état du 12 octobre 1999. Une alternance de plus entre les partis politiques civils et l’armée.Ainsi, les deux partis politiques civils, le Parti du Peuple Pakistanais (PPP d’Asif Ali Zardari actuel président) et le Parti de la Ligue Musulman du Pakistan (PML-N de Nawaz Sharif ancien premier ministre) ne sont que la face civil du pouvoir exécutif qui comporte une face militaire très puissante. Un aspect marquant de la société pakistanaise est l’autonomie de l’Armée tant sur la scène politique face aux partis civils que sur le plan économique. Par exemple, l’entreprise Mari Gaz Company Ltd qui assure la 3ième production de gaz du pays (430 millions de m3) possède un management constitué quasi exclusivement par d’anciens officiers à la retraite. Cet acteur est très important dans le paysage énérgétique pakistanais. Il a une production égale à la moitiés de l’entreprise nationale privatisée en 2003, Pakistan Petroleum Ltd (PPL à une production de 900 millions de m3) sur une production totale de 3 844 millions de m3.[19] C’est au travers du contrôle d’acteurs économiques divers (immobilier, route, gaz et pétrole, etc.) que l’armée exerce une influcence autonome sur la société pakistanaise. Elle représente 3% du PIB mais elle contrôle des entreprises qui produisent des biens de consommations courantes (agricultures, services, bâtiment et génie civil, télécommunications et manufactures) et même une banque et des assurances. La part des militaires dans l’industrie lourde est de 33%. Ainsi, le gouvernement n’a pas de contrôles substantiels sur les acquisitions de capitaux d’entreprises par l’armée ou les services de renseignement. Il ne contrôle pas non plus la gestion des programmes d’armements, notamment nucléaire. Il ne contrôle pas significativement le budget des pensions des militaires à la retraite.[11] Aujourd’hui, le président Zardari essaye d’affirmer la suprématie du politique sur l’acteur militaire en mettant en œuvre la Charte de la Démocratie. Ce serait le 1er ministre qui nommerait le chef d’Etat Major inter armées, le Conseil de Sécurité Nationale serait supprimé et les services de renseignement devraient rendre des comptes aux élus. Cette charte s’accompagnerait d’une révision de toutes les indemnités accordées à l’armée.[42]

En terme de budget de la défense, les chiffres ne traduisent pas un poids démesuré de l’armée sur les comptes du Pakistan. Le budget des militaires s’élève à $4.6 milliards en 2008 (soit une augmentation de 6.8% par rapport à 2007 mais elle est relativisée par une inflation de 11% en 2007) Cela représente 3.0 % du PIB ce qui n’est pas le signe d’un poids excessif. D’autant que cette augmentation trouve sa limite naturelle avec les problèmes urgents d’infrastructure agricole et énergétique qui doivent être financé. Le graphique n°6 illustre l’évolution de cette part du budget par rapport au PIB, elle montre que l’armée à un budget en diminution constante. Ainsi, l’armée exerce plus un contrôle sur l’économie qu’elle ne représente un poids budgétaire trop important.A ce contrôle sur l’économie, l’acteur militaire ajoute une stratégie relativement autonome par rapport au gouvernement en terme de politique étrangère. L’armée semble en difficultée dans sa lutte contre les bases arrières des Talibans au Waziristan. Ainsi, elle s’est retirée en septembre 2006 de ces zones.[4] Les militaires US en action en Afghanistan, pays voisin de ces zones, considèrent qu’elles sont un théâtre d’opération crucial et interviennent régulièrement en procédant à des incursions. Il y a eu 14 attaques transfrontalières en 2008. L’armée pakistanaise, au lieu de s’appuyer sur cette volonté américaine affirme au contraire sa volonté de les empêcher. Le chef de l’armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani a déclaré en septembre 2008, « qu’aucune force étrangère ne sera  autorisée à conduire des opérations à l’intérieur du Pakistan. »[6] Ce comportement marque l’autonomie de l’Armée face au gouvernement pakistanais mais aussi la duplicité qui s’installe vis à vis de l’allié américain. Pour mémoire, il apporte une aide financière de $1.3 milliards en 2008.[11] Le Pakistan est devenu le 3ième pays bénéficiaire d’une aide militaire financière après Israel et l’Egypte. Cette tendance semble s’inscrire dans la durée comme le montre le graphique n°7 de l’évolution et du maintien du niveau de cette aide depuis plusieurs années. Mais au lieu de renforcer la coopération, ces fonds semblent accroitre l’autonomie de l’Armée et son « double jeu ». [11]

 Budget militaire pakistanais
Graphique n°6 : Le budget militaire pakistanais
Aide financière US pour les militaires
Graphique n°7 : L’évolution de l’aide financière militaire américaine

En fait, cet argent permet aux militaires pakistanais et aux services de renseignement, l’Inter Service Intelligence (ISI), de financer les groupes islamistes.[9] C’est aussi un moyen de consacrer des fonds au maintien et au développement de l’armement nucléaire de 80 à 100 missiles capables de f’rapper le territoire indien.[35] Ce double jeu répond à une stratégie particulière. Lors du renversement des Talibans par les forces américaines en 2001, l’absence d’une volonté américaine (note 1) d’établir une présence durable et de maintenir un effort pour reconstruire l’Afghanistan après 2001 a encouragé l’armée pakistanaise à soutenir les Talibans pro pakistanais afin de retrouver un allié après le départ des troupes américaines.[24] Il s’agit pour l’armée pakistanaise de renforcer sa profondeur stratégique face à l’Inde. De façon très réaliste, dans l’attente de l’effondrement du régime d’Hamid Karzai et du retour des Talibans, modérés ou non, au sein du pouvoir afghan, l’armée pakistanaise leur apporte un soutient logistique. En 2004, les américains avaient filmé des camions de l’armée pakistanaise déposant des combattants Talibans à la frontière afghane et les reprennants quelques jours après leur incursion. Ce que confirme les écoutes téléphoniques des échanges entre les officiers pakistanais et les commandants Talibans.[9] Ainsi, les zones tribales sont devenus un lieu de vilégiatures pour des groupes terroristes et djihadistes utilisés par l’armée pakistanaise pour sa propre politique étrangère vis à vis de l’Afghanistan et rendant caduque la politique étrangère du gouvernement pakistanais vis à vis des US et de la société internationale.IMPACTS REGIONAUX : Le dilemme du Pakistan, faire face à la rivalité indienne, à la fois militaire et économique ou établir une alliance avec l’Afghanistan d’Hamid Karzai contre les Talibans.Rivalité avec l’Inde : admettre l’inéxorable monté en puissance du voisin indienL’Inde est au premier rang des préoccupations de sécurité nationale pakistanaise. D’autant que le conflit au Cachemire rend cette préoccupation très concrète et prégnante pour les militaires. La tension entre l’Inde et le Pakistan est entretenue par l’affrontement territorial au sujet du Cachemire et du Jammu depuis 1965. Elle est entretenu par des facteurs géopolitiques et culturels et une crainte de maintenir un équilibre des forces de la part du Pakistan avec un voisin Indien tellement plus fort.Chronologiquement, l’Inde à rejoint le club des puissances nucléaires en Mai 1974 après avoir initié son programme à la suite d’un affrontement frontalier avec la Chine en Novembre 1962 et qui développa sa propre bombe en 1964. L’histoire nous rappelle qu’il y a déjà eu 4 affrontements entre l’Inde et le Pakistan tous conclu en démontrant l’avantage indien. Ainsi en mai 1998, l’Inde à testé 5 bombes nucléaires, en réponse le Pakistan testa 6 bombes nucléaires. Cette rivalité des essais nucléaires s’accompagna d’un affrontement réthorique et médiatique tel que ceux que l’on observa pendant l’intervention de Suez en 1956 ou pendant la Crise des missiles de Cuba en 1962. Cette tension se transforma même en mobilisation des forces conventionnelles de part et d’autre en 2002. La question soulevée n’est pas seulement de savoir si l’existence des armes nucléaires contribue à stabiliser ou à déstabiliser la rivalité Inde-Pakistan. Le ministre indien des affaires étrangères, Jaswant Singh considère que si la dissuasion à bien fonctionnée entre l’Ouest et l’Est pendant la guerre froide elle fonctionne de la même façon entre l’Inde et le Pakistan. Ce point de vue est aussi partagé par des dirigeants pakistanais.[8] L’enjeu est qu’une rivalité de puissance nucléaire se double nécessairement d’une rivalité de puissance conventionnelle et économique. Comme l’on montré la Guerre Froide, si le Pakistan veut pouvoir affirmer une dissuasion nucléaire face à l’Inde, il est dans l’obligation d’avoir en même temps : une force nucléaire, une force conventionnelle a proximité des zones de tension : Cachemire et Jammu et une économie aussi compétitive que celle de l’Inde. Cette rivalité fixe les ressources pakistanaises sur cet enjeu stratégique. Ainsi, la lutte contre les Talibans dans la vallée de SWAT mobilise 15 000 soldats sur un total de 620 000, le reste est mobilisé près de la frontière indienne. Dans ce contexte, l’Afghanistan doit nécessairement être un allié fiable sinon le Pakistan devra renoncer à sa profondeur stratégique et accepter la puissance indienne.

Alliance avec les US contre les Talibans : oui mais !

La stratégie américaine face au défi de l’armée pakistanaise semble avoir pour objectif de renforcer le gouvernement pakistanais, de le contraindre à exercer son autorité sur l’armée et à conditionner l’aide économique à la réussite de cette politique. Le sommet tripartie les 6 et 7 mai dernier à Washington avec les présidents afghans et pakistanais a montré l’accord et la coopération au niveau des autorités politiques des deux pays. Mais cela sera t il suffisant ? Selon le représentant spécial d’Obama pour l’Afghanistan. R. Holbrook, « il [le Pakistan] doit faire la démonstration de son engagement à éradiquer Al Qaeda et les extrémistes violents présents à l’intérieur de ses frontières. »[26] Le président Obama en est bien conscient puisqu’il a promis un engagement durable en Afghanistan afin de supprimer la perspective d’une alliance entre l’armée pakistanaise et les Talibans pour faire face à la perception de la menace indienne.[29] Le sommet tripartie à Washington a pour objectif de construire cette alliance politique entre les autorités politiques légitimes de l’Afghanistan et du Pakistan et de l’orienter contre Al Qaeda plutôt que face à l’Inde.

RECOMMANDATIONS : Il n’y a pas de risque que les Talibans deviennent un acteur politique majeur du Pakistan qui pourrait jouer un rôle important dans le pouvoir politique et s’approcher du contrôle de l’arme nucléaire. Il manque de support populaire massif dans la population pakistanaise. Mais pour éviter que la situation bascule dans une période de remise en cause du régime comme celle de l’Iran en 1979, il s’agit d’organiser la rivalité Pakistan/Inde en nuisant aux mieux aux groupes terroristes. Renforcer la coopération entre l’armée pakistanaise et les autorités politiques légitimes sont un levier mais il est insuffisant. Il devient urgent de construire une « communauté de sécurité régionale »[45] : Afghanistan, Pakistan, Inde auquel l’Iran pourrait s’adjoindre afin de stabiliser les déséquilibres géostratégiques de la région et d’envisager une stratégie globale concernant les Talibans.

Note 1 : Douglas J. Feith, War and Decision, Reganbooks, 2006, « creating a stable post-taliban afghanistan is desirable but not necessarily within the power of the US. The USG should not allow concerns about stability to paralyze US efforts to oust the Taliban leadership » (Excerpt from the memo of the under secretary of defense to the secretary of defense, 11 octobre 2001)
Note 2 : maulana = notre maitre
Note 3 : Mehsud Baitullah est le commandant du groupe Tehrik i Taliban Pakistan (TTP) qui a appelé les agences AFP et Reuters pour revendiquer l’attaque de l’école de police (12 tués) le 29 mars dernier à Manawan, près de la ville de Lahore. Selon la police pakistanaise, il serait aussi responsable de l’attaque manquée contre le quartier général de la police spéciale à Islamabad le 23 mars et l’attaque contre l’équipe nationale de cricket (8 tués) à Lahore le 3 mars. Ces attaques sont en réponse aux incursions de drône (Unmanned Aerial Vehicle UAV) américain au Pakistan selon Mehsud Baitullah. Le Figaro du 30 mars 2009
Sources
[1] Akbar AHMED, Discovering Islam, Routledge, 2001,1987
[2] Pervez HOODBHOY, Pakistan, la lente dérive du « pays des purs », Courrier International, n°932, 11 sept 2008
[3] CIA World FactBook, Pakistan, Site de la CIA en ligne, https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/pk.html (page consultée le 25 mars 2009)
[4] Ayesha SIDDIQA, Mainmise des militaires sur les richesses du Pakistan, Le Monde Diplomatique, Janvier 2008, pages 16 et 17
[5] Olivier GUILLARD, Pakistan : retour en fonction du Chief Justice I.M. Chaudhry, pas de la sérénité, Affaires Stratégique IRIS, lettre d’information de l’IRIS n°290 25 mars 2009
[6] Jacques FOLLOROU, Tensions croissantes entre le Pakistan et les Etats-Unis, Le Monde, 16 septembre 2008
[7] Barbara CROSSETTE, Afghanistan, il faut rattraper le temps perdu, Courrier international n°959, 19 mars 2009
[8] Joseph SIRACUSA, Nuclear Weapons, a very short introduction, Oxford University Press, 2008
[9] William DALRYMPLE, Cet extrémisme qui gangrène le Pakistan, Courrier International, n°959, 19 mars 2009
[10] Kamila HYAT, Les extrémistes à l’aise dans la vallée de Swat, Courrier International n°952, 29 janvier 2009
[11] Jane’s Sentinel Security Assessment, Defence budget, Pakistan, December 2008 Jane’s Information Group
[12] Denis MASMEJAN, Le renseignement stratégique suisse pas écouté, Le Temps, 24 janvier 2009
[13] Denis MASMEJAN, Les frères Tinner informaient la CIA, Le Temps, 23 janvier 2009[14] Maurin PICARD, Les secrets du programme nucléaire clandestin de la Libye, Le Temps, 15 septembre 2008
[15] Denis MASMEJAN, La CIA aurait versé 10 millions de dollars à la famille Tinner, Le Temps, 26 aout 2008
[16] ATS, Affaire Tinner : Abdul Qadeer Khan s’explique, Le Temps, 23 juin 2008
[17] ATS, Les Tinner avaient les plans d’une arme nucléaire sophistiquée, Le Temps, 19 juin 2008
[18] Sylvain BESSON, Une enquête suisse révèle l’inquiétante ampleur du marché noir des technologies nucléaires, Le Temps, 11 septembre 2004
[19] Jane’s Sentinel Security Assessment, Natural Resources, Pakistan, June 2008 Jane’s Information Group
[20] Jane’s Sentinel Security Assessment, Demography, Pakistan, October 2008 Jane’s Information Group
[21] Elizabeth MILLS, Jane’s Intelligence Review, Under a cloud, Dr Abdul Qadeer Khan, former pakistani nuclear scientist, September 2008, Jane’s Information Group
[22] Philippe BOLOPION, Emeute de la faim : un défi inédit pour l’ONU, Le Monde, 12 avril 2008
[23] Lloyd de VRIES, Elusive Al Qaeda Operative Was « Real Deal », CBS News Exclusive, 10 jan 2007 on line : http://www.cbsnews.com/2007/01/10/world/main2347258.shtml
[24]Douglas J. FEITH, War and Decision, Reganbook, 2006
[25] AFP, Obama juge sûr l’arsenal nucléaire pakistanais, sans exclure une intervention, Le Monde, 30 avril 2009,
[26] Reuters, L’armée pakistanaise intensifie sa pression dans la vallée de SWAT, Le Monde, 6 mai 2009
[27] Corinne LESNES, Barack Obama réunit les présidents afghan et pakistanais, Le Monde, 6 mai 2009
[28] Frédéric BOBIN, L’armée pakistanaise reprend son offensive contre les combattants islamistes de la vallée de SWAT, Le Monde, 7 mai 2009
[29] Corinne LESNES, Barack Obama teste sa doctrine sur l’Afghanistan-Pakistan, Le Monde, 7 mai 2009
[30] Bertrand BISSUEL, Un reclassement à 69€ par mois en Inde pour des salariés du Tarn, Le Monde, 11 mai 2009
[31] Jacques FOLLOROU, Au Pakistan, le consensus sur l’offensive contre les Talibans s’effrite, Le Monde, 13 mai 2005
[32] AFP, La violence redouble au Pakistan, 11 mai 2009, Le Monde
[33] AFP, L’offensive anti-talibans de l’armée pakistanaise continue, 18 mai 2009, Le Monde
[34] AFP, Pakistan : plus d’un million de déplacées fuient les combats, 16 mai 2009, Le Monde
[35] Thom SHANKER, David E. SANGER, Pakistan is rapidly adding nuclear arms, US Says, The New York Times, 18 mai 2009
[36] AFP, Pakistan : 25 morts dans une attaque présumée américaine, Le Monde, 16 mai 2009
[37] Natalie NOUGAYREDE, Le Pakistan recherche des soutiens en Europe, Le Monde, 16 mai 2009
[38] Jacques FOLLOROU, Au Pakistan, l’islam radical se mobilise contre l’offensive dans la vallée de Swat, Le Monde, 15 mai 2009
[39] Jean-René RUAULT, Dominique LUEZAUX, Systèmes de Systèmes : Concepts et illustrations pratiques, Chapitre 9, Hermès Science Publication, 2008
[40] Anwar IQBAL, Fata too violent to benefit from US aid, Dawn, 16 avril 2009
[41] Anwar IQBAL , SWAT Taliban refuse to lay down arms, Dawn, 15 avril 2009
[42] Syed ALI ZAFAR, De bonnes raisons d’espérer le changement, Courrier Internationale, n°960, 26 mars 2009
[43] Eric SCHMITT, Mark MAZZETTI, Shaky Pakistan is seen as target of Al Qaeda Plots, The New York Times, 11 mai 2009
[44] Marianne ERAULT, Le Pakistan, « la guerre d’Obama », interview de Karim Pakzad, Journal du Dimanche, 5 mai 2009